Sangharakshita, fondateur de la Communauté bouddhiste Triratna.

L'aide aux opprimés.

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Discours de Sangharakshita à Patan
Sangharakshita à Patan, Népal, en 1951
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Bien que Kalimpong ait été sa résidence principale de 1950 à 1964, il eut une sphère d'activité beaucoup plus large. Presque tous les ans il quittait les contreforts himalayens, donnant des conférences dans nombre de régions de l'Inde. Très bon orateur, il était très demandé par les antennes de la Maha Bodhi Society, ainsi que par diverses organisations non bouddhistes. Il en vint à connaître une grande variété de personnes : des moines bouddhistes de nationalités et d'écoles différentes, des disciples occidentaux venus en Himalaya pour étudier la culture et la religion tibétaines, des théosophes, des missionnaires chrétiens, des hommes politiques, et même l'acteur Raj Kapoor, le « Clark Gable » de l'Inde. Une de ses rencontres les plus significatives fut celle de Dr Bhimrao Ambedkar. Cet homme remarquable était l'un des principaux hommes politiques indiens de l'époque : c'est lui qui avait dirigé la commission de rédaction de la constitution de l'Inde, au moment de l'indépendance. Lui-même né intouchable, il était devenu le principal leader des intouchables dans leur lutte pour la justice sociale. Après une réflexion longue et approfondie, Dr Ambedkar avait fini par conclure que la seule issue hors de l'oppression du système des castes hindou était de quitter l'hindouisme, et il décida de devenir bouddhiste. À l'origine de la conversion de millions de personnes, sa propre conversion fut l'un des événements les plus significatifs pour le bouddhisme au XXème siècle. Sangharakshita put le conseiller sur la signification réelle de la conversion, et sur la façon de l'entreprendre. À l'invitation de Dr Ambedkar, il commença à enseigner aux disciples de ce dernier la signification de la religion qu'ils étaient sur le point d'embrasser.

Sangharakshita ne put pas assister à la cérémonie à Nagpur durant laquelle, en octobre 1956, Dr Ambedkar se convertit au bouddhisme, immédiatement suivi par près de 400.000 de ses disciples. Mais quand il arriva à Nagpur six semaines plus tard, il apprit que le grand leader était mort quelques heures auparavant : Sangharakshita était arrivé exactement au moment où sa présence était la plus nécessaire. Au cours des jours critiques qui suivirent, il œuvra inlassablement pour rassembler les foules d'intouchables en deuil, gagnant ainsi une place particulière dans leur affection. Presque tous les ans qui suivirent, jusqu'à son départ d'Inde, il passa plusieurs mois à voyager et àrendre visite aux nouveaux bouddhistes de l'Inde occidentale, leur enseignant les principes de leur religion. Il conduisit personnellement les cérémonies de conversion de plus de 200.000 personnes.

Bien qu'il ait été très actif, à Kalimpong et ailleurs, Sangharakshita ne négligeait jamais sa pratique spirituelle. Il méditait au moins tous les matins et tous les soirs, et continuait à étudier et à réfléchir sur le Dharma. Tous les ans il observerait la « retraite des pluies » traditionnelle, demeurant pendant trois mois dans l'enceinte de son vihara et se consacrant entièrement à la méditation, à l'étude, et à l'écriture. Être près de la frontière avec le Tibet lui donna l'occasion d'étudier le bouddhisme tibétain de première main. Nombre des principaux lamas s'échappaient de leur pays récemment envahi par la Chine, et Kalimpong était souvent leur premier point d'arrêt. En 1956, il reçut une initiation de Chetrul Sangye Dorje, un lama grandement respecté, bien que très peu conventionnel. Il reçut par la suite des initiations et des enseignements de Jamyang Khyentse Rimpoche, de Dilgo Khyentse Rimpoche, de Dudjom Rimpoche et de Khachu Rimpoche, tous issus de la tradition Nyingmapa, et de Dhardo Rimpoche, un Gelugpa dont les « incarnations » précédentes étaient toutes Nyingmapa. De Dhardo Rimpoche, qui devint un ami proche, il reçut en octobre 1962 l'ordination de bodhisattva. Ainsi, il reçut les ordinations et les initiations dans chacun des trois yanas du bouddhisme.

Durant tout son séjour en Inde il continua à écrire. Bien qu'en 1949 il ait brûlé la majeure partie de ses poèmes, il continua à écrire des vers ; certains de ses poèmes furent publiés par divers journaux, y compris par un magazine à grande diffusion, l'Illustrated Weekly of India. L'année 1954 vit la publication d'un volume de ses poèmes, Les messagers du Tibet et autres poèmes. Outre nombre d'articles et d'éditoriaux pour Stepping Stones, pour The Maha Bodhi, et pour d'autres périodiques, il écrivit Une flamme dans la nuit : biographie d'Anagarika Dharmapala, et son œuvre principale, A Survey of Buddhism, deux livres publiés alors qu'il était encore en Inde. Deux autres œuvres écrites à cette époque : Les Trois Joyaux, une introduction au bouddhisme qui commença son existence comme contribution à une encyclopédie, et Le legs éternel, une présentation de la littérature bouddhique canonique, ne furent publiées que quelques années plus tard.

'Sangharakshita, a New Voice in the Buddhist Tradition' © Subhuti, Windhorse Publications 1994, traduction © C. Richard 2007.

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  1. Le bouddhisme moderne est en crise.
  2. Un autodidacte.
  3. Le voyage en Orient.
  4. L'aide aux opprimés.
  5. Le voyage de retour.